J'aime pas la foule...(libre à tous)

On crève de chaud ici... Et puis, c'est quoi toute cette foule, ils ont rien de mieux à faire un samedi matin que de se balader sur les quais ?
J'en ai marre, Nat, je veux rentrer !

Le garçon lui offrit un sourire et se recoucha sur son petit carré d'herbe, sous le saule pleureur qui bordait le plus grand hangar de Fédéra.

Fédéra. Capitale du Gouvernement. Forteresse impénétrable. Repaire de familles aristocrates. Tant de manière de la nommer et tant de manière de la décrire... Pour faire simple il s'agit d'une planète immense, recouverte dans sa totalité par des villes, qui, au fil des millénaires ont finies par se juxtaposées les unes aux autres. C'est une aberration, me direz vous... Comment une planète sans plante et sans faune peut-elle être viable ? En réalité, il y a longtemps Fédéra est tombée au main d'un parti communal écologiste. Oh, au départ, cela marchait plutôt bien et aujourd'hui encore, la planète est un excellent exemple de maitrise génétique, une osmose parfaite entre nature et cité. Malheureusement, de nos jours, sous prétexte qu'ils savent mieux que tout le monde ce qu'il faut faire pour le bien de la planète, ils sont devenus de vrai tyrans...

Mais ce n'est pas là notre sujet.

Ce jour-là, dans le port astral militaire, des milliers de badauds étaient rassemblés. Ils attendaient. Ils attendaient de voir se réaliser tous leur rêves de grandeurs. Aujourd'hui, on leur avait promis que dans le ciel, ils pourraient voir tout le pouvoir du Gouvernement rassemblé dans un seul appareil. Un seul gigantesque appareil, qui s'amarrerait à la station orbitale d'ici exactement six minutes. La station n'était qu'un point dans le ciel. Et pourtant tout le monde le fixait. Tout le monde ? Non.

Un petit peu à l'écart, sous un gigantesque saule pleureur se tenait cinq individus...
La première était une adolescente qui ne pouvait avoir plus de dix-huitans. Ses longs cheveux blonds étaient coiffés en deux couettes démesurément longue. Son visage tout jeune était enseveli sous une couche improbable de maquillage. Ainsi ses yeux rouges sang étaient-ils mis en valeur par un mascara noir, et ses fines lèvres par un rouge à lèvre vermeil. Ses vêtements semblaient provenir du millénaire passé. Une robe noire qui lui tombait juste au dessus des genoux, assortie de plus de dentelle qu'elle n'en avait besoin et sertie d'un décolleté outrageusement plongeant constituait l'essentiel de ses vêtements. Ses bottes noires à lanières, ostentatoire, et son collier en cuir ou était accroché un rosaire en argent faisaient le reste.

Le deuxième était un géant. Un homme de plus de deux mètres. Deux mètres de muscles et rien d'autre. Son visage sévère et mal rasé encadrait deux yeux parfaitement stupides. Son torse broussailleux s'accordait parfaitement avec l'unique sourcil qui lui couvrait le front. Couvert de cicatrices et autre blessures, il aurait presque eut l'air effrayant si ce n'était pour son regard noir complètement idiot... Torse nu, vêtu d'un vieux treillis trop court pour lui et d'une paire de rangers militaires défoncées, il inspirait tout de même, à défaut de la frayeur, un certain respect.

Le troisième, vêtu d'un long manteau noir muni d'une capuche se tenait adossé contre le tronc de l'arbre et ne disait mot. Son visage restait invisible, mais son air frêle et chétif ne trompait personne. Il était dangereux. Il émanait de lui une aura de terreur palpable. Il ne lui manquait plus qu'une faux et les gens se seraient écarté immédiatement dans la peur de voir leur vie se terminer incessamment sous peu... Certains passant lui jetaient des regards méfiants, que pouvait bien cacher ce long manteau si ample ?

La quatrième était l'incarnation même d'une beauté sans nom. Aphrodite descendue sur terre pour se moquer de la laideur des humains. Ses traits étaient si fins qu'ils semblaient avoir été ciselé par les mains d'un maître artisan n'ignorant rien de ce qui fait la magnificence. Il était impossible de donner une couleur précise à ses yeux car dès que la lumière se permettait un petit caprice, ils en changeaient. Sa peau était pâle sans pour autant être blafarde, et son visage impassible conservait avec splendeur la beauté de ses traits. Tout son corps n'était rien de moins qu'une provocation. Parfaitement proportionnée dans tous ses endroits. Surtout qu'elle n'étaient vêtu en tout et pour tout que d'une simple robe blanche pas trop proche de ses formes mais pas trop loin non plus... Ses pieds nus ne portaient pas la moindre trace de saleté ou de blessure. Elle était juste parfaite, même alors que le vent soufflait dans ses longs cheveux blancs et faisait voleter sa robe sans même qu'elle cherchât à l'empêcher. Elle était tout droit sortie d'un rêve, elle le savait et cela lui plaisait...

Le dernier... Eh bien le dernier, c'était Nat... Le garçon allongé dans l'herbe avec ses cheveux châtains mi longs et son filet de bave qui coulait de sa bouche...

Nos invités sont là...

La voix cristalline avait résonné dans l'air telle une musique dont l'on ne pouvait pas se passer. Juste envoutante. Mais la réponse ne se fit pas tarder :

Oui encore une minute, maman...

Et un coup de pied nu cueillit Nat au creux du ventre alors que les "invités" se pointaient sur le quai pour embarquer dans ce qui était à présent leur maison et leur lieu de travail. Le rutilant et gigantesque vaisseau, fleuron de la flotte gouvernementale qui venait juste d'apparaître dans le ciel bleu...

Le Night-Slayer.

La jeune femme, adossée à l'un des poteau qui soutenait le parapet recouvrant le quai, regardait la masse monstrueuse recouvrir la station. Flèche noire déchirant le ciel, les canons des batteries tournée vers la terre, le Léviathan lui même n'aurait pu être moins majestueux, dangereux...
Son regard passait d'arme en armes, de tour en tour, elle sondait le béhémoth tel un scanner de visée. Elle écarta l'une de ses mèche brune, et passa la main sur les plis de la jupe de son tailleurs strict gris, tout en réajustant son grand manteau de cuir noir sur ses épaules. Le stress l'avait quitté depuis bien longtemps, et la seule émotion qu'elle ressentait était l'insatiable curiosité face à cette bête dont les entrailles n'attendaient qu'à être arpentée par l'élite humaine dans cet univers en proie au chaos. Des idées vagues lui passaient par la tête, Elle savait qu'un hangar personnel dans lequel se trouvait son vaisseau et son matériel attendait quelque part. Elle se disait que ce qu'elle allait connaître sur ce vaisseau, Elle simple lieutenant sur ce vaisseau capital, serait un changement fondamental en matière de mode de vie... Elle posa un oeil dubitatif sur le hangar principal de la machine.

- Eh bien, se dit elle, il y a de quoi mettre un croiseur ou un destructeur là-dedans...

Elle regarda les gens autours d'elle, émerveillée par le vaisseau. Tous y voyaient l'espoir, tous y voyaient la puissance nécessaire pour mettre un terme de manière définitive à un conflit futile... Quel que soit la taille, ce vaisseau n'était pas suffisamment armé, suffisamment puissant, suffisamment protégé pour espérer enfoncer les lignes et atteindre la planète mère des Nesehians. Du moins c'est ce dont était persuadé la traqueuse. Elle n'en laissa rien paraître, et malgré son visage inexpressif, elle ne put détourner son regard du Night-Slayer avant un moment. Finalement elle se rappela qu'elle n'était pas seul, et regarda en coin les autres membres de l'équipage à côté d'elle...

C'est alors qu'elle remarqua un curieux groupe non loin. Personnages étranges mais non moins enfantins, elle en déduisit qu'il s'agissait de quelque étudiants et se concentra sur son sujet principal.

La foule s’amassait sur le port, les gens étaient animés par l’espoir de voir de leurs propres yeux le fleuron de l’armada de Fédéra. Le vaisseau qui portait tous les rêves des humains cherchant la paix dans la galaxie et voulant arrêtait cette guerre avant qu’elle ne fasse plus de ravage. Le Night-Slayer était invincible et il serait l’instrument de la victoire des hommes.

Ridicule.

Seul ce dernier point était vrai. Le Night-Slayer permettrait de remporter la guerre, mais le gouvernement ne l’avait pas construit au nom de la paix. Sa puissance devait servir à montrer la force de Fédéra et à intimider ses opposants. Il ne s’agissait que d’une tactique imaginée par le gouvernement. Si ce seul vaisseau parvenait à mettre fin au conflit contre les Néhésians, ce but serait atteint et plus personne ne se soulèverait contre Fédéra après une telle démonstration de force. Gagner la guerre grâce à un équipage d’élite, ses membres triés parmi les meilleurs et étant à bord d’un gigantesque vaisseau sophistiqué et équipé des dernières technologies. Une combinaison de choc. Les Grands de Fédéra n’étaient pas stupides…

- Tous ces gens qui attendent l’arrivée du vaisseau… Tss, ils ne cherchent qu’à oublier leur faiblesse et leur inutilité dans cette guerre. Des pions insignifiants qui ne pourront que voir le vaisseau sans jamais imaginer pouvoir faire parti de ceux qui monteront à bord.

Ghost détourna son regard, les espoirs futiles de toutes ces personnes le dégoûtaient. Il s’adossa à une caisse, en attendant de pouvoir monter sur sa nouvelle résidence pour les mois à venir. Il allait devoir faire semblant de se joindre à l’équipage et de participer au voyage, sa véritable mission étant un peu différente. Surveiller les membres, tout apprendre d’eux et les éliminer s’ils se révélaient dangereux pour le gouvernement. Ghost était un agent double, mais sa position ne le gênait en aucune manière. Seule sa vie importait et il se moquait bien de ce qui pouvait arriver aux autres. D’autant plus qu’il n’en était pas à son premier camarade tué.

Ghost profita de l’attente pour observer un peu ses futurs collègues, ou plutôt prochaines femmes qu’ils côtoieraient durant le voyage. Il détailla sans la moindre discrétion le corps la jeune femme blonde. Il redirigea son attention vers l’appareil qui amorçait sa descente, un sourire au coin des lèvres.

Ghost avait remarqué l’étrange groupe quand il s’intéressait encore à la foule, notant l’extrême beauté de celle en robe blanche. Mais dans la foule, insignifiante et sans intérêt, le groupe se démarquait. Un détail qui laissa l’albinos sur ses gardes.

Eh, tu fais partit des gens qu'on attends toi ?

La jeune blonde du groupe étrange se tenait devant Ghost, les yeux grands ouverts, le fixant comme si il était un gros morceau de chocolat qu'elle allait avaler d'un seul coup. Etait-elle si près un instant plus tôt ? Mais au moment même ou elle finissait sa phrase, une main gantée se posa sur sa bouche. La silhouette toute vêtue de noir était là également, mais ne semblait pour autant montrer des signes d'hostilité... Elle n'en restait pas moins effrayante...

La jeune femme en robe blanche accourut alors et s'approcha de Stess qui semblait être la plus âgée du groupe de trois qui s'était constitué inopinément. Avec une élégante révérence devant cette dernière elle s'excusa :

Veuillez pardonnez à cette jeune demoiselle, officier, elle ne sait pas se tenir.

Sur Fédéra, il était de coutume de donner aux officiers et aux infiltrateurs le plus grand respect qui soit. En réalité enfreindre cette règle pouvait conduire l'importun au poste le plus proche. Mais les habitants de la planète, riches, recevaient une éducation à toute épreuve et une telle situation se présentait rarement.
Ainsi courbée, dans sa robe blanche, la jeune femme était d'une élégance époustouflante et semblait captiver tout l'auditoire autour d'elle. Elle reprit ensuite :

Je m'appelle Neha et il est vrai que nous vous attendions. Vous faites bien partit, tous les trois du Night Slayer, non ? Nous tenions à rencontrer les sauveurs de Fédéra, surtout mon fiancé que voici, fit-elle en pointant le vide...

Finalement débarrassé de l'autre enquiquineuse, Nat pouvait enfin dormir en paix sur son carré d'herbe alors que son compagnon géant re joignait le groupe un peu plus loin, visiblement décidé à se faire passer pour le petit ami de la jeune femme. Mais une imprécation furieuse retenti alors, sourde et puissante dans une voix cristalline. Un mélange subtile et raffiné qui engendra chez le garçon concerné un frisson soudain dans l'échine..

Na-Tha-Niel...

Mais il ne bougea toujours pas.

Vous m'excuseriez une minute ?

Avec grâce et élégance elle retourna auprès de son compagnon le saisit par le bras, l'envoya valser contre l'arbre, dans la continuité de son mouvement fit une roue alors que le garçon retombait doucement vers le sol, le percuta en l'air du pied, l'enfonçant ainsi complètement de l'herbe. Et enfin, elle se plaça au dessus de lui, sur les genoux et d'un coup de poing de karaté, l'acheva...

Une minute plus tard elle était en effet de retour.

Voici donc mon fiancé disais-je qui tenait absolument à...

Le garçon, sourit avec douceur à.. Liria et lui dit :

Bonjour mademoiselle, je tenait absolument à vous rencontrer, sourit-il.

Même si Nathaniel n'avait aucune mauvaise intention sa phrase ne pouvait qu'être mal interprété de toute façon... En fait il avait encore mal appris son script...

Qui serait la plus rapide à répondre Liria ou... Neha ?